Mode de vie/ Nutrition

Bilan 2016 ou comment est-ce que je fais pour continuer à recommander des produits animaux

Le temps est venu de faire mon bilan de l’année puisque c’est ce que tout le monde fait à la fin d’une année et je suis originale comme ça moi.

Lorsque j’ai débuté mon blogue La végé d’à côté en septembre 2015, je ne savais pas trop où je m’en allais avec ce projet. J’étais végétalienne depuis peu et j’avais envie de l’annoncer à la terre entière. Combiner ma profession de nutritionniste et mon nouveau mode de vie m’a semblé être une bonne idée et mon objectif fut de montrer aux gens qu’il était possible d’être végétalien et être en santé.

Je n’aurais jamais cru que mon petit projet de rien du tout m’aurait permis de faire la connaissance de merveilleux véganes et de contribuer au livre d’Élise Desaulniers, Le défi végane 21 jours (qui vient de remporter le prix du meilleur vegan cookbook canadien dans le cadre des Gourmand Adward, OMG) ainsi que d’autres superbes collaborations.

Avoir le privilège de jouer un rôle dans la transition vers le végétalisme des gens est une des expériences les plus gratifiantes de ma vie. Évidemment, il y a des moments moins glorieux où tout ce que j’avais envie de faire est de tout lâcher et de me transformer en ermite jusqu’à la fin des temps. Devoir se battre contre des supposés « spécialistes de la nutrition », se faire juger par les non véganes, se faire juger par des véganes… Comment peux-tu continuer à travailler avec des omnivores et à émettre des recommandations nutritionnelles qui incluent des produits animaux ? La première fois qu’on m’a posé cette question, je suis demeurée bouche bée. Je me sentais comme un imposteur : comment pouvais-je ne pas recommander la meilleure alimentation autant pour la santé que l’environnement, sans parler d’éthique à mes patients ?

En effet, j’ai débuté ma pratique privée pour rencontrer des clients végéta*iens et combler mon envie de jaser de véganisme à longueur de journée. Par contre, lorsque je pratique en milieu hospitalier, je fais face à une autre réalité. Mes patients sont généralement malades et provenant de milieux défavorisés. Certains ne consomment même pas 5 fruits et légumes différents et ne connaissent pas l’existence des légumineuses. Leur répertoire alimentaire est composé de pain, de pâtes, de hot dogs, de viande hachée et de lait. D’autres ont de nombreuses restrictions alimentaires dû à leur condition médicale et certains ne peuvent même pas manger par la bouche !  En tant que nutritionniste, ma responsabilité est de déterminer le plan de traitement qui améliora la santé de mon patient tout en tenant compte des facteurs psychosociaux qui entourent l’individu. Lorsqu’on parle de santé, on ne parle pas de santé physique seulement, mais également de santé psychologique. Je pourrais recommander à mon patient qui n’a connu que des patates, de la viande hachée et du lait toute sa vie de délaisser les seuls aliments qu’il mange pour adopter le végétalisme. Est-ce que cela va améliorer sa santé physique ? Certainement. Est-ce qu’il va le faire ? Probablement pas. Par contre, si je lui suggère d’introduire un nouveau légume il va probablement le faire.

Ce ne sera qu’une mini victoire, mais qui sait, peut-être qu’après plusieurs suivis, il mangerait beaucoup plus de végétaux qu’à notre première rencontre. Peut-être que je ne changerais rien dans sa vie. Les changements d’habitudes sont complexes et l’être humain l’est encore plus.

Bref, une de mes résolutions (même si je n’aime pas ce mot) pour 2017 est d’accepter les minis victoires, de tenter de ne pas m’arracher les cheveux même s’il y a encore trop d’animaux qui souffrent et de me convaincre que mes gestes, si petits qu’ils soient, peuvent faire avancer les choses.

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